Monday , 27 June 2022
JMA 2022 : Contribution du Pr Charles Binam Bikoi
La JournĂ©e mondiale de l’Afrique qui coĂŻncide avec l’anniversaire de la crĂ©ation de l’Organisation de l’UnitĂ© africaine (OUA, Union africaine actuellement) sâest cĂ©lĂ©brĂ©e cette annĂ©e dans un contexte exceptionnel, oĂč le systĂšme de santĂ©, la sĂ©curitĂ© alimentaire ainsi que la paix restent les principaux dĂ©fis Ă relever.
DictĂ© par la conjoncture, le thĂšme annuel choisi par lâUnion Africaine pour de lâĂ©dition 2022 de la journĂ©e de lâAfrique est : “2022, AnnĂ©e de la nutrition en Afrique – Renforcer la rĂ©silience en matiĂšre de nutrition et de sĂ©curitĂ© alimentaire sur le continent africain : Renforcement des systĂšmes agro-alimentaires, des systĂšmes de santĂ© et de protection sociale pour l’accĂ©lĂ©ration du dĂ©veloppement du capital humain, social et Ă©conomique”.
Ce 25 mai, comme tous les ans au Cameroun, le MinistĂšre des Relations ExtĂ©rieures a abritĂ© une sĂ©rie dâactivitĂ©s. Sous la prĂ©sidence du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral du MinistĂšre des Relations ExtĂ©rieures, S.E. Monsieur OUMAROU CHIMOUN, et en prĂ©sence des membres du Corps Diplomatique accrĂ©ditĂ© Ă YaoundĂ©, une cĂ©rĂ©monie solennelle de commĂ©moration de la 59Ăšme Ă©dition de la JournĂ©e de l’Afrique (Africa Day) s’est tenue Ă l’Esplanade du BĂątiment B du DĂ©partement. Lors de cette cĂ©rĂ©monie le Professeur Charles Binam Bikoi, SecrĂ©taire ExĂ©cutif du CERDOTOLA, a dĂ©livrĂ© une communication sur le thĂšme de l’annĂ©e, suivie dâune leçon inaugurale sur le Droit Ă l’alimentation par Madame Marie-Louise ABOMO, Commissaire Ă la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de l’Union Africaine.
En se disant honorĂ©, le Pr Charles Binam Bikoi a remerciĂ© le Gouvernement de la RĂ©publique du Cameroun pour lâopportunitĂ© donnĂ©e au CERDOTOLA, Institution panafricaine ayant pour mandat la connaissance, la protection et la valorisation du patrimoine traditionnel, de prendre part et de prendre la parole Ă la cĂ©lĂ©bration.
Pour rĂ©pondre Ă lâinvitation du MinistĂšres des relations extĂ©rieures, lâoccasion Ă©tait toute donnĂ©e pour prĂ©senter solennellement une perspective pour une lecture endogĂ©niste du thĂšme de lâĂ©dition 2022, Ă travers son exposĂ© intitulĂ© ââTraditions, patrimoines et souverainetĂ© dans le renforcement de la rĂ©silience nutritionnelle, la construction du capital humain et le dĂ©veloppement de lâAfriqueââ. Par cet Ă©noncĂ©, le Chef de Mission Diplomatique du CERDOTOLA a soutenu que câest par lâactivation des patrimoines que lâAfrique, elle-mĂȘme protectrice de sa souverainetĂ© et ouverte Ă des relations productives avec ses partenaires globaux, se hissera Ă la capacitĂ© de redĂ©finir et dâaccomplir effectivement le renforcement de sa rĂ©silience nutritionnelle, la construction du capital humain et le dĂ©veloppement socioĂ©conomique optimal du continent. AprĂšs avoir observĂ© que le thĂšme de lâannĂ©e 2022 sâinscrit dans le prolongement de celui de 2021, il a fait savoir que la contribution proposĂ©e par le CERDOTOLA suggĂšre un emboĂźtement parfait sur les deux annĂ©es, lâesprit pouvant ĂȘtre rĂ©sumĂ© ainsi : ââles arts, cultures et patrimoines, leviers du renforcement de la rĂ©silience en matiĂšre de nutrition, lâaccĂ©lĂ©ration du capital humain et du dĂ©veloppement social et Ă©conomique du continent africainââ.
Le contexte stratĂ©gique global dominĂ© par les ondes de choc de la crise de la COVID-19 et de la situation militaire en Ukraine mettent Ă rude Ă©preuve la rĂ©silience alimentaire. En effet, la crise qui implique actuellement deux des plus grands fournisseurs de blĂ© au monde, Ă savoir la Russie et lâUkraine a entraĂźnĂ© des perturbations extrĂȘmement sĂ©rieuses alors que lâAfrique peinait dĂ©jĂ Ă remĂ©dier aux sĂ©quelles sociales et Ă©conomiques de la Covid-19 et Ă d’autres problĂšmes de dĂ©veloppement. Etant donnĂ© que les principaux produits Ă base de blĂ©, Ă lâinstar du pain, sont les principaux aliments dans la plupart des villes africaines, ces facteurs conjoncturels aggravent la pauvretĂ©. Les nouvelles options de dĂ©veloppement du capital humain apparaissent nĂ©cessaires pour faire face aux dĂ©fis que ce contexte rend plus ardu.
Une des grandes leçons qui se dĂ©gage de cette conjoncture est que pour lâAfrique, la conjonction rĂ©currente et Ă rĂ©pĂ©tition prĂ©visible de lâinflation et de lâinsĂ©curitĂ© des approvisionnements a fini de discrĂ©diter les coordonnĂ©es de la sĂ©curitĂ© alimentaire en vigueur dans le pilotage de nos Ă©conomies depuis leur libĂ©ralisation des prix ⊠Tant que lâAfrique restera dans le systĂšme rentier elle ne pourra ni rĂ©duire sa dĂ©pendance Ă la production alimentaire Ă©trangĂšre, ni augmenter la sienne propre, ni encore moins la transformer pour y ajouter de la valeur, peser sur les prix, sâassurer de satisfaire ses besoins nutritionnels Ă©lĂ©mentaires et compĂ©tir au niveau international. Dans ces conditions, il est Ă©vident que les Gouvernements africains ne pourront pas faire face aux triple dĂ©fis que sont : assurer le service de la dette, augmenter suffisamment lâassiette fiscale et les revenus de lâEtat et financer lâĂ©conomie, notamment Ă travers les PME et PMI qui nĂ©cessiteront de plus en plus un capital humain consĂ©quent.
Pour le Pr Charles Binam Bikoi, lâoption pertinente serait alors celle de la souverainetĂ© et de la justice alimentaire, qui, en dĂ©veloppant lâagriculture africaine selon les prĂ©fĂ©rences alimentaires de lâAfrique, avec ses capacitĂ©s propres et ses patrimoines, est plus susceptible de conduire Ă la disponibilitĂ© des aliments, Ă la rĂ©silience nutritionnelle et Ă la construction du capital humain. Ce changement dâoptique et de mĂ©thode consiste Ă rejeter lâapproche de la sĂ©curitĂ© alimentaire qui entretient les besoins et adopter lâapproche de la souverainetĂ© ouverte fondĂ©e sur les atouts propres patrimoniaux et visant la satisfaction des besoins.
Pour se faire bien comprendre, il a rappelĂ© que la rĂ©silience est la capacitĂ© des systĂšmes Ă rebondir et fonctionner correctement aprĂšs un choc. A lâĂ©vidence, les systĂšmes alimentaires et nutritionnels africains soumis Ă lâextraversion ne peuvent pas faire preuve de rĂ©silience. Dans le cadre de la sĂ©curitĂ© alimentaire, leur fonctionnement approximatif dĂ©pend en rĂ©alitĂ© de la rĂ©silience des marchĂ©s extĂ©rieurs, or la destinĂ©e des nations dĂ©pend de la maniĂšre dont elles se nourrissent. Si les nations africaines ne peuvent se nourrir que comme les marchĂ©s et la production des autres en dĂ©cident leurs destinĂ©es sont irrĂ©mĂ©diablement compromises, dâoĂč lâurgence de la perspective endogĂ©niste de la souverainetĂ© alimentaire qui apporte des coordonnĂ©es plus sĂ»res, que le CERDOTOLA recommande de plus en plus au niveau de lâUnion Africaine, portant Programme dâAlimentation Patrimoniale des Africains, ALIPA.
Construire durablement le triptyque : rĂ©silience alimentaire, capital humain et dĂ©veloppement par les patrimoines africains correspond globalement Ă lever les hypothĂšques structurelles susmentionnĂ©es par le Concept que le CERDOTOLA a lancĂ© il y a dĂ©jĂ un an, celui de lâIndusTradition, ou lâindustrialisation des traditions africaines. LâIndusTradition agroalimentaire consiste ici Ă lâexploitation industrielle privilĂ©giĂ©e, systĂ©matique des traditions, des patrimoines agricoles et alimentaires qui sont susceptibles dâĂȘtre manufacturĂ©es et protĂ©gĂ©es par les moyens de lâĂ©conomie solidaire des communautĂ©s, la propriĂ©tĂ© intellectuelle et la coproduction avec les partenaires Ă©trangers, un ensemble qui contribue au dĂ©veloppement du capital humain et Ă la diffusion des gains de productivitĂ© dans lâensemble du systĂšme Ă©conomique. LâIndusTradition et sa capacitĂ© Ă gĂ©rer de la rĂ©silience nutritionnelle et alimentaire, ainsi que la construction du capital humain et le dĂ©veloppement socioĂ©conomique se dĂ©cline de façon exemplaire avec des chaĂźnes de valeur comme celle du manioc ivoirien soutenue par lâUnion EuropĂ©enne et 50 millions de tonnes de racine de manioc et seulement deux produits IndusTraditionnels Ă valeur ajoutĂ©e. La ChaĂźne de manioc apporte prĂšs de 600 milliards de FCFA par an Ă lâĂ©conomie de la CĂŽte dâIvoire. Ce chiffre peut aisĂ©ment ĂȘtre multipliĂ© par dix, dans des pays comme le NigĂ©ria, la RDC, le Cameroun, le Mozambique et dâautres qui ont une chaĂźne de valeur de manioc plus Ă©tendue.
Les produits traditionnels susceptibles de faire lâobjet dâune exploitation industrielle aux standards internationaux se comptent par milliers et les chaĂźnes de valeur par centaine. Pour les valoriser, il suffirait de construire la base de lâIndusTradition qui est Ă cĂŽtĂ© des progrĂšs de lâagriculture intensive conventionnelle visĂ©e par des stratĂ©gies de transformation structurelle, lâoptimisation de lâagriculture biologique traditionnelle oĂč les africains dĂ©tiennent un savoir-faire consĂ©quent dont la mise Ă niveau technologique porterait sĂ»rement un dĂ©veloppement.
Face à ces enjeux, et pour conclure son propos, le Secrétaire Exécutif a exposé les 8 éléments de réponse que propose le CERDOTOLA :
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CĂ©lĂ©bration de la journĂ©e mondiale de l’Afrique, Ă©dition 2022, au MinistĂšre des Relations ExtĂ©rieures du Cameroun
– Mot du ReprĂ©sentant de l’Union Africaine au Cameroun
– Contribution du Pr Charles Binam Bikoi, SecrĂ©taire ExĂ©cutif du CERDOTOLA
– Leçon inaugurale de Madame Marie-Louise ABOMO, Commissaire Ă la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de l’Union Africaine.
– Allocution du SG MINREX Cameroun, DIPLOCAM
A propos de la journĂ©e mondiale de lâAfrique.
Chaque annĂ©e, la JournĂ©e mondiale de l’Afrique est cĂ©lĂ©brĂ©e le 25 mai, car c’est Ă cette date qu’ont Ă©tĂ© signĂ©s les accords de l’OUA en 1963, qui reprĂ©sente le symbole du combat de tout le continent africain pour la libĂ©ration, le dĂ©veloppement et le progrĂšs Ă©conomique et social, en plus de la valorisation et l’exploitation de la richesse culturelle africaine.
Câest un jour fĂ©riĂ© dans de nombreux Etats membres de lâOrganisation de lâUnitĂ© Africaine. Câest lâoccasion pour chaque pays dâorganiser des Ă©vĂ©nements pour « favoriser le rapprochement entre les peuples africains ». Cette journĂ©e est devenue une tradition fortement enracinĂ©e dans lâensemble des pays africains, et elle reprĂ©sente le symbole du combat de tout le continent africain pour la libĂ©ration, le dĂ©veloppement et le progrĂšs Ă©conomique.
https://fr.cerdotola.com/2022/06/10/jma-2022-celebration-de-la-journee-de-lafrique/6953
Le CERDOTOLA, Institution prééminente consacrée à la préservation, la diffusion et la mise en valeur du patrimoine africain, avait été sollicité au plus haut niveau, sur différents espaces de la célébration.
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