Wednesday , 3 March 2021
QUARANTENAIRE DU CERDOTOLA
CROISADE INTERNATIONAL POUR LA RECONSIDÉRATION DES CULTURES PATRIMONIALES D’AFRIQUE
THEME : Les Institutions Culturelles et Scientifiques Africaines dans les Enjeux de l’Emergence et de la Renaissance
Yaoundé, Palais des Congrès du 09 au 15 octobre 2017
RAPPORT FINAL
Sous le haut Patronage de S.E.M Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, les activités marquant la célébration du quarantenaire du Centre international de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues Africaines (CERDOTOLA) se sont tenues dans les locaux du Palais des Congrès de Yaoundé (Cameroun), du 09 au 13 octobre 2017 sous le thème : « Les Institutions culturelles et scientifiques africaines dans les enjeux de l’émergence et de la renaissance ». Cette croisade internationale pour la reconsidération des cultures patrimoniales d’Afrique a réuni un aéropage d’Universitaires de renom, des Autorités administratives et politiques, des Rois et Chefs traditionnels, des Spécialistes des Arts et Culture, des Savants et Experts d’Afrique, des Etudiants et des Journalistes venus d’Afrique et du monde.
I. Cérémonie solennelle d’ouverture du quarantenaire
La cérémonie solennelle d’ouverture du quarantenaire, sous la présidence du Ministre de la Culture, Représentant Personnel de S.E.M. Paul Biya, Président de la République du Cameroun, a débuté par une parade des Rois et des Autorités traditionnelles d’Afrique du Bénin, du Cameroun, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Ghana, du Nigéria, de la RCA, de la RDC et du Tchad) qui ont placé la célébration du quarantenaire sous la protection des ancêtres.
La phase protocolaire a été ponctuée par quatre allocutions :
II. La cérémonie d’ouverture du Colloque International
La cérémonie d’ouverture du Colloque International a démarré avec la procession du comité des Savants et Experts africains sous la conduite du Professeur Charles BINAM BIKOÏ, Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA. Ce comité savant est composé des membres ci-après :
Après la cérémonie protocolaire, les travaux proprement dit du Colloque ont démarré avec la leçon inaugurale intitulée La Protreptique faite par le Professeur Grégoire BIYOGO, érudit des Sciences Humaines et Sociales et auteur prolixe.
La protreptique est définie comme une mutation paradigmatique des connaissances, un changement de regard sur les savoirs reçus qui, dans notre contexte, sont devenus obsolètes et inadaptés à nos paradigmes de développement. Dans cette logique, la protreptique doit être capable d’opérer un tournant majeur dans l’heuristique africaine. Cependant, le savoir protreptique n’a pas encore suffisamment investi les systèmes académiques des universités africaines qui, de toute évidence, continuent de fonctionner dans l’ensemble sur le modèle des connaissances reçues. Les connaissances enseignées dans les systèmes académiques africains résultent de trois mutations : la colonisation, la déconstruction des connaissances coloniales et le dépassement des conjectures (les suppositions fondées sur des probabilités, mais qui ne sont pas contrôlées par les faits, les présomptions et les hypothèses).
Par ailleurs, l’Afrique connait aujourd’hui des mutations multi directionnelles (technologiques, économiques, monétaristes, philosophiques, théologiques…) qui invitent à s’interroger sur la production des connaissances permettant d’accompagner et de coordonner ces mutations historiques en cours.
Les systèmes éducatifs africains doivent consentir des efforts dans la mise en œuvre de la « protreptique » car, aucun changement n’est possible en restant dans les paradigmes anciens. La mutation dans le paradigme africain implique l’idée d’abandon et d’adaptation de la pensée aux réalités africaines.
III. Des Sessions
Session 1 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines : état des lieux, historique, profils et actualité.
Il a été question dans cette session d’analyser les mutations scientifiques et technologiques des savoirs endogènes. Ce qui revêtirait la forme de célébration d’autres rationalités. Une approche post-moderne pourrait être la solution d’une rupture : adopter une méthodologie de recherche sur les questions de culture et de langage des paradigmes. A l’évidence, le paradigme social se pose comme une solution non social du social. Il est plus adapté à la mondialisation. Ce paradigme culturel intègre la problématique du conflit civilisationnel. Une économie globalisée ruine le monde des sociétés. Les mutations entre le monde moderne et post-moderne s’orientent inévitablement vers le modèle culturel, d’où il urge de rebâtir des institutions détruites par une rationalité figée. Dans cet ordre d’idées, une approche critique de la coopération de l’Afrique avec l’UNESCO doit être faite afin de promouvoir l’indépendance politique et scientifique. Une nouvelle forme de rapport décomplexée et l’instauration des Centres de recherche plus adaptés aux réalités endogènes doivent être de mise. L’hypothèse Egypto-nubienne doit être la source de notre renaissance. Aussi la mission qui doit être dévolue à la recherche est d’impacter sur les conditions de vie des populations. Sous ce rapport il est à considérer que les centres de recherche, éprouvent d’énormes difficultés à vulgariser la recherche et une instabilité notoire dans les projets liés à l’interruption des financements.
Session 2 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines devant la problématique de la renaissance africaine : culture, identités, patrimoine
La deuxième session a porté sur les Institutions culturelles et scientifiques africaines devant la problématique de la renaissance africaine : Culture, Identités, Patrimoine.
Il en ressort l’urgence d’un discours en faveur d’une cible africaine qui, nécessite l’interaction sur les fictions mémorielles, le retour à l’historiographie égypto-nubienne, l’intégration de la société civile dans les discours philosophiques et l’intériorisation de la musique africaine. Elle urgence requiert la prise en compte de la place des œuvres littéraires dans la transmission de l’héritage culturel africain, la restauration de l’africanité des Africains-Américains, l’organisation d’un symposium sur les langues anciennes et le soutien des projets en faveur de la création des musées.
Session 3 : Les Institutions culturelles scientifiques africaines dans les politiques globales et les stratégies nationales, régionales et internationales
La troisième session a débattu de l’influence et la contribution des institutions culturelles et scientifiques africaines dans les politiques globales et les stratégies nationales, régionales et internationales. Il ressort des échanges que les invariants culturels ont été les leviers cardinaux de la signature des Accords du 25 mai 1963 à la Charte de l’OUA à Addis Abeba en Ethiopie, lorsque l’opposition radicale des deux fractions prédisposait à un échec. La culture a également été le précurseur de la victoire de l’Ethiopie face à l’Italie la bataille d’Adoua, le 1e mars 1896. Les communications ont, entre autres, montré que les institutions culturelles et scientifiques participent différemment à la promotion de la culture et de la recherche scientifique sur les signatures culturelles. Cependant, cette participation disparate et les insuffisances constatées doivent être urgemment régulées.
Session 4 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines face aux grandes questions de l’émergence : Education, gouvernance, économie, paix et sécurité.
La 4e Session s’est articulée sur l’exploration de la posture des institutions culturelles et scientifiques africaines face aux grandes questions de l’émergence telle que l’éducation la gouvernance l’économie la paix et la sécurité. Il ressort une confusion et un décalage entre les sens enseignés desdits concepts et le sens afro-centrique qui doit être promus. En dépit des efforts non négligeables observés, une véritable dynamique de réappropriation et de recadrage doit être impulsée.
Session 5 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines comme socle matriciel de la libération achevée de l’Afrique par une nouvelle pensée africaine décolonisée et décomplexée.
La session 5 portait sur les institutions culturelles et scientifiques africaines comme socle matriciel de la libération achevée de l’Afrique, par une nouvelle pensée africaine décolonisée et décomplexée. Cette session postule qu’il est important que l’Afrique et sa diaspora dise non aux projets fondés sur un européocentrisme, qui ne transforme pas la vie des familles et des populations. Elle s’insurge contre le génocide intellectuel et spirituel qui s’abat sur le continent, en convoquant ses fils et filles au tribunal de la conscience et de l’histoire. Les savoirs endogènes, socle de la décolonisation des savoirs sont pour cette session des axes stratégiques de sorties de crises, comme l’ont été l’UBUNTU et le Zo Kwe Zo, en Afrique du Sud et en Centrafrique. La construction de la puissance africaine se fera dans une telle perspective, à l’aune d’une renaissance adossée sur une ipséité stratégique, qui disqualifiera les discontinuités spatiales de l’Afrique contemporaine. Si la session asserte que les savoirs traditionnels ne sont pas protégés par les droits d’auteur, il faut reconnaitre qu’ils constituent dans le cas des systèmes patrimoniaux de santé, une alternative à la médecine européenne, et contribuent inéluctablement au traitement du corps, de l’âme et de l’esprit.
IV. Séance de synthèse
Pr. Pascal ADJAMAGBO. La présentation fait état de l’origine égyptienne des mathématiques. Un élément culturel qui peut servir de ressort pour résoudre les problèmes africains. Cette ancienneté est attestée par exemple sur l’os d’Ishango qui remonte à plus de 23000 ans et surtout les découvertes mathématiques en Afrique du Sud qui remontent à plus de 77 000 ans. Il fait état de sa recherche très avancée sur les couples des nombres premiers pouvant déboucher à un prix Nobel. Il continue en réitérant la prescription de Cheik Anta Diop relative à une industrialisation à partir de l’exploitation des ressources naturelles du Grand INGA dont la production d’énergie électrique correspond au moins à 40 centrales nucléaires.
Pr. Grégoire BIYOGO revient sur la « protreptique » où il invite à une mutation paradigmatique des connaissances, en invitant à la redéfinition des contenus de formations. Il poursuit par l’exhortation à l’organisation d’une connaissance panafricaine, par une démonstration de l’origine égyptienne des religions du livre. Cette démonstration est amplement déroulée dans les ouvrages de l’auteur. Le professeur a démontré l’antériorité de la cosmogonie égyptienne à partir de l’antériorité du NOUN par rapport à l’existant. Au final le Pr. exhorte à la culture qui est le pivot cardinal de la renaissance.
Pr. Elikia M’BOKOLO soulève un problème important, celui de l’usure de l’altérité. Si, soutient-il, le passé a été celui de la gloire, nous ne sommes plus sûrs de notre devenir. Il pose la difficulté d’être ce que nous n’avons jamais été et de ne pas être ce que nous devons être en tant que fondateur de l’humanité et de la civilisation. Il a achevé son intervention par une invitation à l’effort en s’appuyant sur la sagesse des Prêtres égyptiens à l’exemple de la « théologie de la libération du Kongo avec Simon KIBANGU » qui prophétisa sur le roi à venir qui aurait trois grands pouvoirs : le pouvoir spirituel, scientifique et politique qui marqueraient l’unification du monde noir et la restauration de sa grandeur d’autrefois.
Le Pr. Kalamba NSAPO a établi que la théologie africaine est antérieure aux autres théologies du monde vu l’antériorité de la civilisation Egypto-nubienne. La théologie occidental-gréco-romaine et même musulmane se sont toutes inspirées des textes égyptiens et donc, de la théologie égyptienne enseignée dans les temples de Thèbes, Memphis, Héliopolis, Saïs et Amarna… Il invite donc les Africains à revenir à l’authenticité de la théologie seule à même de résoudre nos problèmes spirituels, un préalable à la résolution des problèmes économiques. Il achève son exposé en exhortant l’école doctorale d’Afric’Avenir à former les théologiens en voie de disparition après la mort du Pr Engelbert Mveng.
Au total, Une trentaine de communications ont été présentées au cours de 05 sessions du Colloque, 08 leçons introductives, 02 brainstormings, 04 Allocutions, une leçon inaugurale et le Discours d’ouverture du quarantenaire.
V. Résolutions et recommandations
Les recommandations formulées tout au long du Colloque du quarantenaire du CERDOTOLA qui a eu lieu du 09 au 13 octobre 2017 ont été structurées en quatre axes thématiques :
Les participants au colloque réitèrent la recommandation forte de Cheik Anta Diop à la jeunesse à savoir : « Jeunesse africaine, armez-vous en sciences jusqu’aux dents, et si vous manquez d’unir l’Afrique, vous ne serez pas au rendez-vous du 3e millénaire.
Les Etats africains doivent explorer les voies et moyens de la mise en place des cadres institutionnels permettant aux dépositaires de l’autorité traditionnelle de mettre de façon plus conséquente et plus déterminante la « Sagesse africaine » au centre de la « Solution » apaisée des tensions et des crises qui tendent à discréditer et à ruiner l’Afrique, tant au niveau national, régional que continental. Une telle exploitation de notre inestimable patrimoine culturel consacrerait la promotion d’un « vivre ensemble » hérité des traditions séculaires africaines, garant du respect des différences et de la diversité, gage de convivialité et de paix, préalables indispensables pour une véritable émergence et à la renaissance de l’Afrique.
Telle est la quintessence du colloque du quarantenaire du CERDOTOLA qui a mobilisé 120 institutions et organismes étatiques, universitaires, de la société civile et du privé en provenance d’une trentaine de pays du monde.
Fait à Yaoundé, le 13 octobre 2017
24 February 2021
21 February 2021
20 February 2021
6 February 2021