Monday , 27 June 2022
QUARANTENAIRE DU CERDOTOLA
CROISADE INTERNATIONAL POUR LA RECONSIDĂRATIONÂ DES CULTURES PATRIMONIALES DâAFRIQUE
THEMEÂ : Les Institutions Culturelles et Scientifiques Africaines dans les Enjeux de lâEmergence et de la RenaissanceÂ
Yaoundé, Palais des CongrÚs du 09 au 15 octobre 2017
RAPPORT FINAL
Sous le haut Patronage de S.E.M Paul BIYA, PrĂ©sident de la RĂ©publique du Cameroun, les activitĂ©s marquant la cĂ©lĂ©bration du quarantenaire du Centre international de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues Africaines (CERDOTOLA) se sont tenues dans les locaux du Palais des CongrĂšs de YaoundĂ© (Cameroun), du 09 au 13 octobre 2017 sous le thĂšme : « Les Institutions culturelles et scientifiques africaines dans les enjeux de lâĂ©mergence et de la renaissance ». Cette croisade internationale pour la reconsidĂ©ration des cultures patrimoniales dâAfrique a rĂ©uni un aĂ©ropage dâUniversitaires de renom, des AutoritĂ©s administratives et politiques, des Rois et Chefs traditionnels, des SpĂ©cialistes des Arts et Culture, des Savants et Experts dâAfrique, des Etudiants et des Journalistes venus dâAfrique et du monde.
I. CĂ©rĂ©monie solennelle dâouverture du quarantenaire
                    La cĂ©rĂ©monie solennelle dâouverture du quarantenaire, sous la prĂ©sidence du Ministre de la Culture, ReprĂ©sentant Personnel de S.E.M. Paul Biya, PrĂ©sident de la RĂ©publique du Cameroun, a dĂ©butĂ© par une parade des Rois et des AutoritĂ©s traditionnelles dâAfrique du BĂ©nin, du Cameroun, du Congo, de la CĂŽte dâIvoire, du Gabon, du Ghana, du NigĂ©ria, de la  RCA, de la RDC et du Tchad)  qui ont placĂ© la cĂ©lĂ©bration du quarantenaire sous la protection des ancĂȘtres.
La phase protocolaire a été ponctuée par quatre allocutions :
II. La cĂ©rĂ©monie dâouverture du Colloque International
La cĂ©rĂ©monie dâouverture du Colloque International a dĂ©marrĂ© avec la procession du comitĂ© des Savants et Experts africains sous la conduite du Professeur Charles BINAM BIKOĂ, SecrĂ©taire ExĂ©cutif du CERDOTOLA. Ce comitĂ© savant est composĂ© des membres ci-aprĂšs :
AprÚs la cérémonie protocolaire, les travaux proprement dit du Colloque ont démarré avec la leçon inaugurale intitulée La Protreptique  faite par le Professeur Grégoire BIYOGO, érudit des Sciences Humaines et Sociales et auteur prolixe.
La protreptique est dĂ©finie comme une mutation paradigmatique des connaissances, un changement de regard sur les savoirs reçus qui, dans notre contexte, sont devenus obsolĂštes et inadaptĂ©s Ă nos paradigmes de dĂ©veloppement. Dans cette logique, la protreptique doit ĂȘtre capable dâopĂ©rer un tournant majeur dans lâheuristique africaine. Cependant, le savoir protreptique nâa pas encore suffisamment investi les systĂšmes acadĂ©miques des universitĂ©s africaines qui, de toute Ă©vidence, continuent de fonctionner dans lâensemble sur le modĂšle des connaissances reçues. Les  connaissances enseignĂ©es dans les systĂšmes acadĂ©miques africains rĂ©sultent de trois mutations : la colonisation, la dĂ©construction des connaissances coloniales et le dĂ©passement des conjectures (les suppositions fondĂ©es sur des probabilitĂ©s, mais qui ne sont pas contrĂŽlĂ©es par les faits, les prĂ©somptions et les hypothĂšses).
Par ailleurs, lâAfrique connait aujourdâhui des mutations multi directionnelles (technologiques, Ă©conomiques, monĂ©taristes, philosophiques, thĂ©ologiquesâŠ) qui invitent Ă sâinterroger sur la production des connaissances permettant dâaccompagner et de coordonner ces mutations historiques en cours.
Les systĂšmes Ă©ducatifs africains doivent consentir des efforts dans la mise en Ćuvre de la « protreptique » car,  aucun changement nâest possible en restant dans les paradigmes anciens. La mutation dans le paradigme africain implique lâidĂ©e dâabandon et dâadaptation de la pensĂ©e aux rĂ©alitĂ©s africaines.
III. Des Sessions
Session 1 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines : état des lieux, historique, profils et actualité.
Il a Ă©tĂ© question dans cette session dâanalyser les mutations scientifiques et technologiques des savoirs endogĂšnes. Ce qui revĂȘtirait la forme de cĂ©lĂ©bration dâautres rationalitĂ©s. Une approche post-moderne pourrait ĂȘtre la solution dâune rupture : adopter une mĂ©thodologie de recherche sur les questions de culture et de langage des paradigmes. A lâĂ©vidence, le paradigme social se pose comme une solution non social du social. Il est plus adaptĂ© Ă la mondialisation. Ce paradigme culturel intĂšgre la problĂ©matique du conflit civilisationnel. Une Ă©conomie globalisĂ©e ruine le monde des sociĂ©tĂ©s. Les mutations entre le monde moderne et post-moderne sâorientent inĂ©vitablement vers le modĂšle culturel, dâoĂč il urge de rebĂątir des institutions dĂ©truites par une rationalitĂ© figĂ©e. Dans cet ordre dâidĂ©es, une approche critique de la coopĂ©ration de lâAfrique avec lâUNESCO doit ĂȘtre faite afin de promouvoir lâindĂ©pendance politique et scientifique. Une nouvelle forme de rapport dĂ©complexĂ©e et lâinstauration des Centres de recherche plus adaptĂ©s aux rĂ©alitĂ©s endogĂšnes doivent ĂȘtre de mise. LâhypothĂšse Egypto-nubienne doit ĂȘtre la source de notre renaissance. Aussi la mission qui doit ĂȘtre dĂ©volue Ă la recherche est dâimpacter sur les conditions de vie des populations. Sous ce rapport il est Ă considĂ©rer que les centres de recherche, Ă©prouvent dâĂ©normes difficultĂ©s Ă vulgariser la recherche et une instabilitĂ© notoire dans les projets liĂ©s Ă lâinterruption des financements.
Session 2 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines devant la problématique de la renaissance africaine : culture, identités, patrimoine
La deuxiÚme session a porté sur les Institutions culturelles et scientifiques africaines devant la problématique de la renaissance africaine : Culture, Identités, Patrimoine.
Il en ressort lâurgence dâun discours en faveur dâune cible africaine qui, nĂ©cessite lâinteraction sur les fictions mĂ©morielles, le retour Ă lâhistoriographie Ă©gypto-nubienne, lâintĂ©gration de la sociĂ©tĂ© civile dans les discours philosophiques et lâintĂ©riorisation de la musique africaine. Elle urgence requiert la prise en compte de la place des Ćuvres littĂ©raires dans la transmission de lâhĂ©ritage culturel africain, la restauration de lâafricanitĂ© des Africains-AmĂ©ricains, lâorganisation dâun symposium sur les langues anciennes et le soutien des projets en faveur de la crĂ©ation des musĂ©es.
Session 3 : Les Institutions culturelles scientifiques africaines dans les politiques globales et les stratégies nationales, régionales et internationales
La troisiĂšme session a dĂ©battu de lâinfluence et la contribution des institutions culturelles et scientifiques africaines dans les politiques globales et les stratĂ©gies nationales, rĂ©gionales et internationales. Il ressort des Ă©changes que les invariants culturels ont Ă©tĂ© les leviers cardinaux de la signature des Accords du 25 mai 1963 Ă la Charte de lâOUA Ă Addis Abeba en Ethiopie, lorsque lâopposition radicale des deux fractions prĂ©disposait Ă un Ă©chec. La culture a Ă©galement Ă©tĂ© le prĂ©curseur de la victoire de lâEthiopie face  à lâItalie la bataille dâAdoua, le 1e mars 1896. Les communications ont, entre autres, montrĂ© que les institutions culturelles et scientifiques participent diffĂ©remment Ă la promotion de la culture et de la recherche scientifique sur les signatures culturelles. Cependant, cette participation disparate et les insuffisances constatĂ©es doivent ĂȘtre urgemment rĂ©gulĂ©es.
Session 4 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines face aux grandes questions de lâĂ©mergence : Education, gouvernance, Ă©conomie, paix et sĂ©curitĂ©. Â
La 4e Session sâest articulĂ©e sur lâexploration de la posture des institutions culturelles et scientifiques africaines face aux grandes questions de lâĂ©mergence telle que lâĂ©ducation la gouvernance lâĂ©conomie la paix et la sĂ©curitĂ©. Il ressort une confusion et un dĂ©calage entre les sens enseignĂ©s desdits concepts et le sens afro-centrique qui doit ĂȘtre promus. En dĂ©pit des efforts non nĂ©gligeables observĂ©s, une vĂ©ritable dynamique de rĂ©appropriation et de recadrage doit ĂȘtre impulsĂ©e.
Session 5 : Les Institutions culturelles et scientifiques africaines comme socle matriciel de la libĂ©ration achevĂ©e de lâAfrique par une nouvelle pensĂ©e africaine dĂ©colonisĂ©e et dĂ©complexĂ©e.
La session 5 portait sur les institutions culturelles et scientifiques africaines comme socle matriciel de la libĂ©ration achevĂ©e de lâAfrique, par une nouvelle pensĂ©e africaine dĂ©colonisĂ©e et dĂ©complexĂ©e. Cette session postule quâil est important que lâAfrique et sa diaspora dise non aux projets fondĂ©s sur un europĂ©ocentrisme, qui ne transforme pas la vie des familles et des populations. Elle sâinsurge contre le gĂ©nocide intellectuel et spirituel qui sâabat sur le continent, en convoquant ses fils et filles au tribunal de la conscience et de lâhistoire. Les savoirs endogĂšnes, socle de la dĂ©colonisation des savoirs sont pour cette session des axes stratĂ©giques de sorties de crises, comme lâont Ă©tĂ© lâUBUNTU et le Zo Kwe Zo, en Afrique du Sud et en Centrafrique. La construction de la puissance africaine se fera dans une telle perspective, Ă lâaune dâune renaissance adossĂ©e sur une ipsĂ©itĂ© stratĂ©gique, qui disqualifiera les discontinuitĂ©s spatiales de lâAfrique contemporaine. Si la session asserte que les savoirs traditionnels ne sont pas protĂ©gĂ©s par les droits dâauteur, il faut reconnaitre quâils constituent dans le cas des systĂšmes patrimoniaux de santĂ©, une alternative Ă la mĂ©decine europĂ©enne, et contribuent inĂ©luctablement au traitement du corps, de lâĂąme et de lâesprit.
IV. Séance de synthÚse
Pr. Pascal ADJAMAGBO. La prĂ©sentation fait Ă©tat de lâorigine Ă©gyptienne des mathĂ©matiques. Un Ă©lĂ©ment culturel qui peut servir de ressort pour rĂ©soudre les problĂšmes africains. Cette anciennetĂ© est attestĂ©e par exemple sur lâos dâIshango qui remonte Ă plus de 23000 ans et surtout les dĂ©couvertes mathĂ©matiques en Afrique du Sud qui remontent Ă plus de 77 000 ans. Il fait Ă©tat de sa recherche trĂšs avancĂ©e sur les couples des nombres premiers pouvant dĂ©boucher Ă un prix Nobel. Il continue en rĂ©itĂ©rant la prescription de Cheik Anta Diop relative Ă une industrialisation Ă partir de lâexploitation des ressources naturelles du Grand INGA dont la production dâĂ©nergie Ă©lectrique correspond au moins Ă 40 centrales nuclĂ©aires.
Pr. GrĂ©goire BIYOGO revient sur la « protreptique » oĂč il invite Ă une mutation paradigmatique des connaissances, en invitant Ă la redĂ©finition des contenus de formations. Il poursuit par lâexhortation Ă lâorganisation dâune connaissance panafricaine, par une dĂ©monstration de lâorigine Ă©gyptienne des religions du livre. Cette dĂ©monstration est amplement dĂ©roulĂ©e dans les ouvrages de lâauteur. Le professeur a dĂ©montrĂ© lâantĂ©rioritĂ© de la cosmogonie Ă©gyptienne Ă partir de lâantĂ©rioritĂ© du NOUN par rapport Ă lâexistant. Au final le Pr. exhorte Ă la culture qui est le pivot cardinal de la renaissance.
Pr. Elikia MâBOKOLO soulĂšve un problĂšme important, celui de lâusure de lâaltĂ©ritĂ©. Si, soutient-il, le passĂ© a Ă©tĂ© celui de la gloire, nous ne sommes plus sĂ»rs de notre devenir. Il pose la difficultĂ© dâĂȘtre ce que nous nâavons jamais Ă©tĂ© et de ne pas ĂȘtre ce que nous devons ĂȘtre en tant que fondateur de lâhumanitĂ© et de la civilisation. Il a achevĂ© son intervention par une invitation Ă lâeffort en sâappuyant sur la sagesse des PrĂȘtres Ă©gyptiens Ă lâexemple de la « thĂ©ologie de la libĂ©ration du Kongo avec Simon KIBANGU » qui prophĂ©tisa sur le roi Ă venir qui aurait trois grands pouvoirs : le pouvoir spirituel, scientifique et politique qui marqueraient lâunification du monde noir et la restauration de sa grandeur dâautrefois.
Le Pr. Kalamba NSAPO a Ă©tabli que la thĂ©ologie africaine est antĂ©rieure aux autres thĂ©ologies du monde vu lâantĂ©rioritĂ© de la civilisation Egypto-nubienne. La thĂ©ologie occidental-grĂ©co-romaine et mĂȘme musulmane se sont toutes inspirĂ©es des textes Ă©gyptiens et donc, de la thĂ©ologie Ă©gyptienne enseignĂ©e dans les temples de ThĂšbes, Memphis, HĂ©liopolis, SaĂŻs et Amarna⊠Il invite donc les Africains Ă revenir Ă lâauthenticitĂ© de la thĂ©ologie seule Ă mĂȘme de rĂ©soudre nos problĂšmes spirituels, un prĂ©alable Ă la rĂ©solution des problĂšmes Ă©conomiques. Il achĂšve son exposĂ© en exhortant lâĂ©cole doctorale dâAfricâAvenir à former les thĂ©ologiens en voie de disparition aprĂšs la mort du Pr Engelbert Mveng.
Au total, Une trentaine de  communications ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es au cours de 05 sessions du Colloque, 08 leçons introductives, 02 brainstormings, 04 Allocutions, une leçon inaugurale et le Discours dâouverture du quarantenaire.
V. Résolutions et recommandations
Les recommandations formulées tout au long du Colloque du quarantenaire du CERDOTOLA qui a eu lieu du 09 au 13 octobre 2017 ont été structurées en quatre axes thématiques :
Les participants au colloque rĂ©itĂšrent la recommandation forte de Cheik Anta Diop Ă la jeunesse Ă savoir : « Jeunesse africaine, armez-vous en sciences jusquâaux dents, et si vous manquez dâunir lâAfrique, vous ne serez pas au rendez-vous du 3e millĂ©naire.
Les Etats africains doivent explorer les voies et moyens de la mise en place des cadres institutionnels permettant aux dĂ©positaires de lâautoritĂ© traditionnelle de mettre de façon plus consĂ©quente et plus dĂ©terminante la « Sagesse africaine » au centre de la « Solution » apaisĂ©e des tensions et des crises qui tendent Ă discrĂ©diter et Ă ruiner lâAfrique, tant au niveau national, rĂ©gional que continental. Une telle exploitation de notre inestimable patrimoine culturel consacrerait la promotion dâun « vivre ensemble » hĂ©ritĂ© des traditions sĂ©culaires africaines, garant du respect des diffĂ©rences et de la diversitĂ©, gage de convivialitĂ© et de paix, prĂ©alables indispensables pour une vĂ©ritable Ă©mergence et Ă la renaissance de lâAfrique.
Telle est la quintessence du colloque du quarantenaire du CERDOTOLA qui a mobilisĂ© 120 institutions et organismes Ă©tatiques, universitaires, de la sociĂ©tĂ© civile et du privĂ© en provenance dâune trentaine de pays du monde.
Fait à Yaoundé, le 13 octobre 2017
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